Lin Weixiang

Rewriting Beyond Reality

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Ecrire au delà-de la réalité. Réécrire la réalité. Avec son titre, l’exposition Rewriting Beyond Reality évoque avant d’y pénétrer, un monde inconnu, se jouant de la frontière entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, ou plus. Effacer pour mieux réécrire? Ou écrire par dessus, recouvrir? Dans les deux cas, la notion de perte et la perte de notion en découlent. La notion de ce que l’on sait. Abandonner ses certitudes, pour s’imprégner de quelque chose de nouveau : formes, histoires, associations d’idées, d’objet, de couleurs. Les découvrir.

Réécrire au-delà, c’est aussi, à partir d’un élément existant, décider d’en gommer une partie, le travailler, y ajouter, le mélanger, afin de lui donner un autre aspect : le transformer pour le révéler autrement.

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Poétique et intrigante, l’exposition est à la hauteur de son titre. Pour son premier solo show à la galerie Art + Shanghai, Lin Weixiang plonge le spectateur dans un univers silencieux et incertain. Peintures aux couleurs affirmées et aux formes pourtant précises, l’œuvre se situe néanmoins toujours dans une frontière : celle qui sépare -et qui lie- l’ordinaire et l’extraordinaire, la rêverie et la raison, l’Homme et la Nature.

Lin Weixiang possède une technique bien particulière: il peint à l’acrylique directement sur des patrons textiles, dont il utilise les motifs pour faire émerger des formes, tantôt les recouvrant totalement, tantôt partiellement, parfois en les floutant seulement. Les motifs se devinent donc par effet de transparence, se découvrent, se cachent, mettant en avant cette idée d’oscillation, d’enchevêtrement. De ces paysages « textiles », jaillissent des arbres aux motifs fleuris et colorés, une nature vibrante et puissante, des ciels profonds, où les hommes se perdent, se lovent, s’intègrent, selon les tableaux. La nature est omniprésente dans l’œuvre de Lin Weixiang, elle inquiète autant qu’elle fascine, et souligne la fragilité de l’être humain.

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Le découpage du tableau est parfois géométrique, aspect renforcé par l’utilisation d’aplats de couleurs : l’artiste plante un décor élémentaire comme pour y faire évoluer ses figures plus librement. Les motifs textiles viennent quant à eux donner une allure psychédélique à ces scènes: éléments récurrents et infinis (les motifs sont sériels), ils ajoutent au surréalisme de l’œuvre. Absurdes car déconnectées, les scènes (re)présentées sont hypnotiques : courbes et spirales envahissent des paysages tantôt luxuriants, tantôt désertiques. Il y fait parfois nuit, parfois mauve… une barque sur une mer d’herbe, des statues antiques, un chat, une impression de vent, des plans de tableau qui se juxtaposent mais qui s’opposent : entre scène figée et sensation de mouvement le spectateur pénètre dans le théâtre imaginaire de l’artiste.

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Inspiré par les paysages de sa région natale, Lin Weixiang nous offre à voir ses visions. Songes? Fantasmes? Captures d’une époque inconnue ou disparue? Sensible à la littérature de Gabriel Garcia Marquez, il lui rend hommage à travers ses tableaux et réunit éléments imaginaires et réels en un seul corps.

« Tout le monde a trois vies : une vie publique, une vie privée et une vie secrète » (G. Garcia Marquez).

L’artiste peint des moments où motifs sériels, figures et végétation cohabitent dans un ensemble silencieux. L’espace entre ces éléments est indéterminé, les distances réduites à un point de vue subjectif (celui du regardeur)… donc à une infinité. Parfois articulés dans un même dessin (dessein), l’Homme et la nature semblent irrémédiablement liés. Parfois, ils semblent simplement posés ici et là, sans rapport narratif entre eux, chacun se devant simplement d’exister, porté par sa propre destinée et indifférent à l’environnement dans lequel il est sensé évoluer. Ces éléments, liés ou perdus dans l’œuvre, sont mis en valeur par ce choix de narration ambivalent: ils deviennent très présents et chargés symboliquement. L’œuvre se joue d’être parcourue comme un livre par son spectateur : celui-ci cherche des indices, des clés pour reconstituer la scène qui se joue devant lui. Il tente malgré lui de coudre une histoire à coup d’aiguilles rationnelles et cohérentes… et se doit finalement d’accepter cette narration d’un autre temps, non linéaire, et simplement se perdre dans l’œuvre pour l’explorer.

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Les mondes fantastiques de Lin Weixiang se révèlent aussi à la lumière des sculptures de Hu Ke, dont les personnages aux pieds nus, tantôt perchés sur un rocher, une montagne, ou tantôt à la cime d’un arbre, évoquent des situations d’isolement. Ils semblent eux aussi chercher du regard quelque chose. Un idéal? Un souvenir? Ils viennent peupler l’espace et interpeler d’une étrange façon les peintures de Lin Weixiang.

Rewriting Beyond Reality est la zone entre deux frontières, celle de tous les possibles. Espace-temps élastique pris entre réalité et fiction, dans lequel le spectateur devient explorateur, écrivain, metteur en scène… ou tout simplement rêveur.

Caroline barbé-boudehen

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Solo Show Lin Weixiang (peintures), en collaboration avec Hu ke (sculptures)
Jusqu’au 21 avril 2016

Art + Shanghai Gallery, 191 South Suzou Road, Huangpu District, Shanghai, China
www.artplusshanghai.com

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