Cy Twombly

L’œuvre de Cy Twombly se développe en marge des courants dominants de l’art américain et s’organise en de vastes cycles qui alternent. Jamais illustratrice, ni uniquement abstraite, elle demeure en retrait des débats concernant la figuration, ce qui constitue un apparent paradoxe formel. Celui-ci lui confère un caractère multiple et unique à la fois, dont témoignent l’ampleur et la diversité de ses œuvres sur papier.

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Cy Twombly. Venus, 1975

L’œuvre peinte montre une grande diversité dans ses techniques et ses enjeux. Nombre de ses toiles sont des surfaces blanches recevant toute sorte de traces : chiffres, croix, schémas géométriques, barbouillages réalisés au doigt, griffonnages en hachures ou en boucles, écoulements sanglants ou scatologiques et enfin quelques mots (noms de dieux ou de héros antiques, vers de poètes célèbres, etc.). La peinture à l’huile reprend les teintes des humeurs corporels (du blanc-crème au brun en passant par tous les dégradés de rose et de rouge) et se mêle aux crayons de papier et crayons de couleur de l’enfance. L’écriture est heurtée, les lettres capitales se mélangent aux minuscules, les mots les plus simples sont raturés. L’œuvre achevée, l’essentiel de la surface de la toile reste vierge. Se joue donc ici la rencontre entre une forme de primitivisme enfantin, les tréfonds de la psychanalyse et la culture classique (qui, par les modes de son intrusion sur la toile et le choix des titres, semblent toujours être l’horizon absolu de l’univers du peintre).

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Au cours des dernières années, et malgré son âge avancé, l’artiste s’est considérablement renouvelé. Du motif, peint grossièrement, s’écoulent des traînées de peinture colorées qui rejoignent le bord inférieur de la toile. Chaque motif apporte ses propres couleurs si bien que le bas de certains tableaux est une juxtaposition de coulures dont les teintes alternent aléatoirement. Le gribouillage énergique a donc laissé sa place à un geste plus ample avec une peinture liquide sur laquelle la gravité agit. De plus, la palette est plus riche et les couleurs (notamment les jaunes ou les rouges) atteignent une intensité rare dans l’histoire de la peinture. Twombly prouve ici ses qualités de coloriste. Un thème nouveau est venu accompagner cette entrée dans la couleur : les fleurs. Sur des toiles ou des planches de plusieurs mètres de long, Twombly peint des roses ou des pivoines hors d’échelle en de grands mouvements d’enroulement.

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Les vers d’Emily Dickinson ou de Ingeborg Bachmann accompagnent ces motifs. Reste une constante : le rejet de la maîtrise. L’écriture est raturée, biffée, parfois effacée sommairement ; les motifs feignent la maladresse ; la gravité, associée à la texture du support et à la viscosité de la peinture, déstructure les formes et engendre les traînées aléatoires. Les cycles Lepanto, Blossoms, Roses témoignent le mieux de ces récentes nouveautés.

Il réalise aussi des sculptures, assemblages d’objets modestes qu’il recouvre de peinture blanche. Nombre d’entre elles sont des monuments du souvenir; leurs dimensions réduites, ajoutées à la simplicité et à la sensibilité, génèrent une poésie propre à l’artiste.

Twombly est également photographe, activité dans laquelle on retrouve la modestie et la douceur poétique qui imprègne toute son œuvre..

 

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