De 1969 à 1990, Présence Panchounette (Christian Baillet, Pierre Cocrelle, Didier Dumay, Michel Ferrière, Jean-Yves Gros, Frédéric Roux, Jacques Soulillou, sans compter quelques ustensiles) va tenter de semer une gaie zizanie au sein d’un monde de l’art confit dans le puritanisme.

Artistes d’attitude pour lesquels l’œuvre n’est pas essentielle (sinon négligeable), adeptes du métissage avant l’heure, pratiquants émérites du n’importe quoi/n’importe comment, du vite fait/mal fait et du jamais fini ; idiots malins, un peu (beaucoup) plus cultivés que la moyenne de leurs collègues (pas très cultivés, il est vrai), ils n’auront de cesse de semer la confusion et le malaise (« Sont-ils cons ou font-ils semblant ? ») par le biais d’expositions conçues comme des performances hystériques et de communiquer sur le moda da l’insulte (vieille tradition surréaliste) et de l’excommunication (leur côté secte).

Curieux des marges, fervents du « mineur », ils auront toujours préféré Laurel et Hardy à Gilbert et George, Alphonse Allais à Malevitch, et les bretelles aux Burlington ; appris l’art contemporain en regardant Mondo Cane et le body-art en écoutant Claude Darget commenter les combats du marquis de Lassartesse (et son valet Firmin) ; défailli à l’Eurovision plutôt qu’à la Scala de Milan, avant de découvrir le ready-made au fin fond des jardins de banlieue (un simple puits en pneus et son toit niais).
Leur statut a toujours hésité entre celui de terroristes balourds (« Et Bing et Bang ! ») et de pitres roublards (« Vas-y, r’joue moi-z’en d’la trompette ! »). Punks diesel, amateurs de contre-pieds et de crocs-en-jambe, ils tenteront de surnager dans un océan de contradictions, de malentendus et de paradoxes avant de finir en beauté en se sabordant au plus fort de leur succès.

A la Mauvaise Réputation, ils montrent une interprétation toute littérale du célèbre tableau de Magritte (« Ceci n’est pas une pipe ») et quelques marginalia (tracts, affiches, envois postaux et autres curiosités).

Frédéric ROUX

 

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